Jean OHNHEISER, joueur de la toute première équipe Junior créée lors de la saison 1968-1969, nous a transmis ce superbe billet. Souvenir de la rencontre U.S. JOSBAIG-BIZANOS du 20 octobre 1968.
« Un poing m’a pris pour cible : C’est le poing du capitaine de l’équipe de rugby junior de BIZANOS. Je vois ce poing s’avancer lentement vers moi, comme on voit au cinéma, défiler au ralenti les dernières images d’un accident … Je ne comprends pas ce qui m’arrive et je suis incapable de bouger.
En l’absence de l’arbitre officiel, notre entraîneur, n’avait rien trouvé de mieux que d’arbitrer le match : « Les voyous de la banlieue de PAU contre les paysans de la vallée du Joos ». Déjà l’affiche ne me plaisait pas trop, mais quand en plus on avait laissé l’arbitrage à quelqu’un comme Gaston COUSTE, ça ne pouvait pas bien se terminer…
Après une première mi-temps houleuse, explication de texte sur la pelouse. Nous n’avons pas eu souvent la balle, nous nous sommes surpassés et pourtant nous menons au score… J’ai eu un jeu destructeur au possible, mais ça n’explique pas ce poing qui maintenant se rapproche de plus en plus de ma figure. Peut-être que je me suis interposé pour protéger notre entraîneur…
Et c’est alors, qu’un autre poing a surgi sur la droite de ma joue, à vitesse réelle cette fois-ci, et est venu percuter mon agresseur avant qu’il ne me casse la gueule. La foudre était tombée. C’était le poing de Jean CARASSOU. Tu m’avais épargné de me retrouver, au minimum, avec un nez écrasé : Merci Jean…
Le reste, feuille de match déchirée, bagarre générale, match interrompu … je ne m’en rappelle plus.
Ce dont je me rappelle, c’est que cette année-là, il y a cinquante ans, en 1968, je faisais partie de la première équipe junior de l’histoire de l’U.S. JOSBAIGT et que je partageais ce bonheur avec pleins d’autres jeunes de la vallée. On était jeunes, beaux et fiers parce qu’aligner 8 victoires, un nul, et une défaite en 10 matchs, ce n’est pas donné à tout le monde. Il y avait dans nos rangs des joueurs de qualité, comme CGGG (CARRERE GEE Gérard Géronce) pour ne citer qu’un nom, dont j’admirais le jeu au pied, parce que moi je n’en avais pas. Il y avait Gaston COUSTE qui nous entraînait bien au-delà du raisonnable… Il y avait Francis, José, Gilles, Pierrot, mes amis d’enfance et puis tous les autres Marcel, CALY, RUIZ… Mais il y avait surtout cette joie de jouer ensemble, comme des frères : cette solidarité sur le terrain et hors du terrain. On avait peur de rien… enfin, presque, parce que cette histoire du coup de poing qui avançait lentement, je me suis longtemps demandé ce que cela voulait dire, jusqu’à ce que j’accepte l’idée que c’était la peur qui m’avait paralysé et qui avait arrêté le temps… jusqu’à ce qu’un miracle se passe…Personnellement, j’ai passé mes 2 plus belles années avec vous et avec ce merveilleux sport qu’est le rugby. »
Jean OHNHEISER